Les Ardomphes
Gilles Verdet
240 pages
format 12 x 18
ISBN 978-2-84679-458-9
l'ouvrage
Chassés-croisés dans un Paris nocturne et poisseux.
Richard est un clochard. Un sdf, un biffin des trottoirs. Un traîne-lattes qui survit en refourguant des déchets ramassés dans la rue. Dans les beaux quartiers il déniche un sac de luxe oublié au départ d’un taxi. Photographié à son insu par Claire, une photographe professionnelle, sur un banc public avec son butin, un foulard de soie au cou devant une bouteille de grand cru, sa vie va basculer...
« Les Ardomphes » est le surnom familier qu’utilisait parfois Rimbaud pour désigner ses Ardennes natales. L’hôtel des Ardennes, près du canal Saint-Martin, à Paris, est le lieu hospitalier de toutes les passions. S’y croisent les rescapés de la nuit : voyageurs égarés, SDF en sursis, amants... Le réceptionniste est également écrivain ; sans le savoir, il tisse la trame d’un récit aux fils multiples, qui se dénoueront aux « Ardomphes ». Écrit à « haute voix », ce récit aux rebonds narratifs successifs vire rapidement à l’ironique mise en abîme. Celle de la bouffonnerie existentielle, du bon usage médiatique de la précarité, du débordement fictionnel et des facéties de la création littéraire.
Extrait
« Les Abribus, Richard les fréquentait souvent. Pour traquer le sac oublié ou la valise égarée. Les bus un peu moins. Même si la fange qui lui collait aux basques lui laissait toujours une place assise. C’était son avantage. Son privilège de pouilleux. Les culs-crottés de la rue, les pue-de-la-gueule et les « crassouilles » en goguette, ça refilait de la distance avec l’autre monde. L’autre pays. Celui des mieux nourris, des mieux chauffés et des mieux lavés. Des gens propres et coiffés qui regardaient toujours ailleurs. Mais avec des coups d’œil en biais, des manières polies et des allures rusées d’indifférence qui le toisaient en loucedé. Richard y prenait plus garde depuis longtemps, les deux humanités savaient d’instinct se préserver des contacts, éviter les frôlements et les touchers fortuits, par une distance sanitaire passive, un écart spontané aussi naturel qu’une mixité de territoire entre deux espèces animales éloignées. »
L'auteur
Gilles Verdet est né à Paris, dans le quartier de Ménilmontant, le 21 juillet 1952. Études classiques chez les Bons Pères Oratoriens. Père de famille à vingt ans, est entré tôt dans la vie active.
A exercé diverses activités, parmi lesquelles : disquaire, photographe, marchand de bières et whiskies, dialoguiste pour la télévision, co-auteur de documentaires. Vit et écrit près du périphérique parisien, le cerceau noir de la poésie urbaine. Gilles Verdet a publié des romans noirs et des recueils de nouvelles. Des chansons, des nouvelles dans des recueils collectifs et des revues. Notamment :
– Une arrière-saison en enfer, roman, coll. Série noire, Gallimard, 2004.
– Larmes blanches, roman, Buchet Chastel, 2007.
– La Sieste des hippocampes, recueil de nouvelles, Éditions du Rocher, 2008. Prix Prométhée de la nouvelle.
– Voici le temps des assassins, roman, Jigal, 2015.
– Fausses routes, recueil, éditions Rhubarbe, 2015. Grand prix de la Société des gens de lettres.